Elles en 1945

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Je m’appelle Francine, j’ai 7 ans. Je suis née en 1938 à l’aube d’un  sacré bazar.
Quand j’avais deux ans mes parents ont pris toutes les affaires de ma famille, et nous ont entassé ma grande sœur et moi dans la voiture de ma grand-mère pour rejoindre le village de ma grande tante, plus au sud. Ils avaient même pris Lulu, notre chien, qui ne nous a jamais quittés durant toutes ces années.
Évidemment je ne me souviens de rien, mais papa et maman me racontent souvent.
Enfin si quand même, je me souviens que maman avait souvent peur. Je me souviens du hurlement des sirènes et de l’odeur de la cave de Tata Andrée. Et puis les copains que je m’étais fait là bas. Ma copine Danièle et son grand frère François.
Surtout je n’oublierai jamais ce grand jour, quand les chars américains ont libéré Paris. Toute la famille collée au poste et les larmes de joie de mes parents, les fêtes interminables sur la place de la mairie.
On allait enfin pouvoir rentrer chez nous.
Ma sœur, cette tarte, a boudé des jours quand elle a réalisé qu’elle allait devoir quitter son amoureux.
Maintenant elle est bien contente de retrouver Paris, notre appartement et Mamie.
J’adorais la vie chez Tata Andrée, mais Paris, c’est fou quand même. Je découvre cette ville pleine de lumières, je promène Lulu des heures durant le long de la Seine et je ne reviens qu’à la fin de la journée.
Ma sœur  a retrouvé un amoureux. Il l’emmène danser à Saint Germain, ils se font appeler « des  zazou », elle passe ses journées à lire ce nouveau journal exprès pour les femmes. Ça s’appelle Elle. On y voit des photos de belles femmes à la mode, on y parle politique. J’aimerai bien y écrire quand je serai grande.
Enfin j’ai le temps. Toute une vie de femme libre !

 

Fantine porte une robe année 40 Cyrillus*Elle qui m’a inspiré cette petite histoire et des ballerines kibrille la halle.